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RIMBAUD 221

renaissent à Ténormité confuse de la pure existence, celle que l'esprit n'a point encore distinguée ni construite. Je ne sais quoi de double se fait jour en elles : " Les lampes et les tapis de la veillée font le bruit des vagues, la nuit, le long de la coque et autour du steerage. ^ " Elles reprennent d'étranges coutumes qu'il y avait entre elles et qui n'étaient pas faites pour être regardées par nous. Elles s'accouplent selon des modes parfaitement gratuits :

Les chars d* argent et de cuivre^ Les proues d^ acier et d* argent Battent Vécume^ Soulèvent les souches des ronces y etc ^.

Elles reparaissent avec toutes les franchises monstrueuses dont elles jouissaient du temps de leur inutilité. Cessant d'être déterminées à telle ou telle fin, elles reviennent toutes mélangées de possibles qui leur font comme une seconde et inexplicable nature : " A chaque être plusieurs autres vies me semblaient dues. Ce Monsieur ne sait ce qu'il fait : il est un ange. Cette famille est une nichée de chiens \ "

Le retour au chaos. Nulle part mieux que dans Enfance n'en sont exprimées les approches et, si l'on peut dire, les affres. Nulle part on n'assiste d'une façon plus saisissante à la crise de notre monde sous l'appel de l'autre. On le voit pris de malaise et comme de pauvreté ; il se vide, il devient désert :

" Les Illuminations : Veillées, p. 194. Les Illuminations : Marine, p. 159. ' Une Saison en Enfer : Délires II : Alchimie du Verbe, p. 294.

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