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LA MARCHE TURQUE 195

Arméniens que Grecs ou que Bulgares, tous ces porteurs de fez me paraissent également laids ; et chacune de ces races aux vocations si diverses que conglomèrent en une tourbe épaisse chaque côté de la Turquie si parfois Tune d'elle peut éveiller ma sympathie, c'est lorsque j'apprends qu'on l'opprime.

L'aspect général de la ville m'indispose même contre les quelques fragments de la Koniah du treizième siècle qui subsistent intacts. Non pour me les faire trouver moins admirables, peut-être, mais pour me persuader encore mieux que ce ne sont pas là fleurs du pays. L'art exquis de ces faïences et de ces sculptures, comme tout ce que l'on trouve en Turquie de propre, de solide et de beau, vient d'ailleurs.

J'ai grand amusement à retrouver sur une place notre drogman qui prétend connaître si bien Koniah. Il n'est pas encore 6 heures. Je le soupçonne fort de venir ici pour la première fois : vite il apprend son rôle avant que nous ne soyons levés.

Enver Bey quitte Koniah ce matin à onze heures. Un train spécial l'emmène. Nous assistons à son départ. On nous laisse pénétrer sans difficultés sur le quai de la gare, oii déjà sont rassemblés maints représentants du pays, des affaires et de la Compagnie. L'un d'eux est en chapeau haut de forme ; les autres portent le fez ; tous ont l'air de croupiers. Enver Bey, dans une petite salle qui donne sur le quai, attend l'heure du départ ; il est entouré de son état-major tudesco-turc ; par la porte ouverte on les voit assis devant une table ; d'autres, officiers de moindre

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