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14 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

tagc cette volupté que le reste. Toute ma colère y demeure contractée. Je vous ferai payer ça. "

Pour bien comprendre la haine de Rimbaud, il faut y noter un caractère singulier : c'est qu'elle ne s'occupe pas de son objet. Elle se complique d'une indifférence trans- cendante pour les êtres auxquels elle s'attaque : elle ne fait entre eux aucune distinction, elle ne les connaît pas ; elle ne sait rien que se précipiter.

Ses strophes bondiront : Voilày voilày bandits ! ^

Rimbaud se rue au hasard, il frappe à tort et à travers, sûr que ses coups, où qu'ils portent, seront toujours mérités. Dans Paris se repeuple, le voici parti pour une sorte d'apologie de la Commune et de furieuse diatribe contre les Versaillais. Mais au bout de la première strophe, il ne voit plus de différences, il ne sait plus à qui il en a ; c'est à tout le monde ; sa haine saute en lui dans tous les sens, elle est comme une boussole affolée. L'esprit de vengeance chez lui, c'est en même temps l'esprit de vertige. Dès qu'il entre dans sa colère, tout se met à chanceler et à tournoyer autour de lui :

Qu'est-ce pour nous, mon cœur, que ces nappes de sang Et de braise, et mille meurtres, et les longs cris De rage, sanglots de tout enfer renversant Tout ordre ; et r Aquilon encor sur les débris ;

Et toute vengeance ? — Rien /... Mais si, toute encore, Nous la voulons ! Industriels, princes, sénats :

  • Paris te repeuple, Œwvres d'Arthur Rimbaud, édition définitive,

librairie du Mercure de France, p- 58.

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