LA MARCHE TURQUE 183
conseille et permet la suspension spirituelle, au milieu de l'ogive et la rompant, de cette pierre plate, là, précisé- ment là où devraient se rencontrer les deux courbes, à cet endroit secret, actif, qui prennent aise, à ce lieu de coïn- cidence et d'amour, qui font trêve et s'offrent à se reposer. O sourire subtil ! Jeu dans la liberté précise ! Que tu en prends donc à ton aise, délicatesse de mon esprit !...
Longtemps j'ai médité dans ce saint lieu, et j'ai com- pris enfin que c'est ici le dieu de la critique qui attend nos dévotions, et que c'est à l'épuration qu'il invite.
Brousse. Mercredi.
Cette nuit une étrange, incompréhensible rumeur nous a réveillés ; sorti du plus profond sommeil j'ai d'abord cru aux préparatifs de mes voisins qui devaient partir vers 6 heures ; mais, regardant ma montre, j'ai constaté qu'il n'était que 3 heures du matin. Non ; le bruit venait du dehors ; des gens couraient, poussaient des cris, et à travers ces cris distincts on percevait une grande clameur continue faite d'une masse d'appels et de lamentations ; puis des détonations sourdes, d'autres plus claires, coups de feu d'autant plus inquiétants qu'ils partaient à la fois de différents quartiers de la ville. Un instant j'ai pu croire à une émeute, un massacre (à quoi l'on peut toujours s'attendre dans ce pays), une Saint-Barthélémy d'Armé- niens, de Grecs, de juifs... ou d'étrangers. J'ai couru à ma fenêtre : une grande lueur inégale et rouge éclairait tragiquement les hauts arbres ; ces coups de feu étaient un tocsin d'incendie.
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