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NOTES 141

la poésie. Il suffisait du patoisement pour que la beauté verbale fût comme couverte d'un voile, et en regard de la précision que prenaient matériellement certaines figures, le mouvement diony- siaque n'était plus assez fort pour motiver leurs gestes. C'est ainsi que le rôle du petit Lucas, qui est la partie faible de l'œuvre, perdait sa consistance et n'offrait plus à l'action un assez ferme point d'appui. Sa révolte contre les siens paraissait toute en paroles et ne répondait plus à ce que le reste de la pièce avait pris de réalité.

UEau de Vie, après quinze ans, reste une hardie tentative pour mettre en œuvre de nouveaux moyens d'expression dramatique. Déjà dans un ancien article sur la Noblesse de la Terre de M. de Faramond, Henri Ghéon louait l'auteur d'avoir introduit dans sa pièce le chœur parlé. Il a tenté lui-même l'expérience avec un parti-pris plus résolu. Quant au vers libre " qui commande le geste, qui crée le mouvement, qui est par essence dynamisme, action, drame ", sa cause n'est plus à plaider. UEau de Vie, dans ses parties amples, en montre les ressources de force et d'accent. Phocas le Jardinier fera voir, l'an prochain, quel fluide et racinien dialogue un poète comme Francis Vielé-Griffin peut en tirer.

��Le Théâtre du Vieux Colombier a clos sa première saison sur un triomphe. Il est réconfortant de penser que c'est avec une comédie de Shakespeare, c'est-à-dire une pièce de réper- toire à la disposition de qui veut la prendre, que c'est en jouant cette œuvre, sans luxe de décors, sans tapage ni "clou" d'aucune sorte, que le Vieux Colombier a remporté son plus beau succès. Voici démenti, une fois de plus, le préjugé routi- nier qui écartait de nos programmes quelques unes des plus belles œuvres dramatiques, sous prétexte qu'elles n'étaient pas du " théâtre " et que le public n'y prendrait pas d'intérêt. Le

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