Page:NRF 12.djvu/143

Cette page n’a pas encore été corrigée

NOTES 137

le jeu, tout le jeu, étalé au grand jour, des possibilités qu'il sent au fond de soi, contradictoires et étranges. Il donne une forme visible, mouvante, humaine, fortement synthétique à chacune de ses inclinations, de ses tentations, de ses folies. Il a un cerveau de romancier, aride de dédoublement et il faut avouer que sa collection de types, conçus à peu près tous a priori, est d'une assez étonnante variété. Tous sont nés invincible- ment d'un sentiment poussé à bout : Anselme, ou l'insatisfait, qui a tout et toujours " espère " ; le médecin " perturbateur " qui renverse l'ordre du monde ; Sulpice ou le faux-criminel, que sa mauvaise conscience fait s'accuser d'un crime dont il n'est que capable ; et celui que l'horreur du laid pousse à tuer ; et le chaste que l'amour obsède, etc., etc.. Le procédé est peut-être facile et à la longue fatigant. Mais M. Tisserand sait le diversifier ; il y incorpore aisément toute la gamme des émotions humaines, de la terreur à la mélancolie ; il arrive même qu'il y échappe, en des morceaux souples et authentiques qui sentent la réalité. Il a de l'ironie et de la poésie. En mûrissant il perdra cette outrance, cette continue cruauté à la Mirbeau, qui parfois nous offusque. Nous avons confiance en son avenir.

H. G.

��LE THEATRE

��AU VIEUX COLOMBIER : L'EAU DE VIE, par Henri Ghéon. — LA NUIT DES ROIS de Shakespeare, traduite par Th. Lascarîs.

Comme le Pain joué naguère au Théâtre des Arts était une tragédie populaire, VEau de Vie porte en sous-titre : tragédie rustique. Ces mots ne tendent point ici à quelque classification

�� �