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I04 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

personnages de roman dont les dernières années sont isolées et attendrissent, pour la première fois, et seulement pour un instant car elle disparut bien vite, j'aperçus sous la lampe, sur le canapé, rouge, lourde et vulgaire, malade, rêvassant, promenant au-dessus d'un livre des yeux un peu fous, une vieille femme accablée que je ne connais- sais pas.

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��Ayant laissé à Paris, malgré le printemps commen- çant, les arbres des boulevards à peine pourvus de leurs premières feuilles, quand le train de ceinture nous arrêta, Saint-Loup et moi dans le village de banlieue où habitait sa maîtresse ce fut un émerveillement de voir chaque jardinet pavoisé par les immenses reposoirs blancs des arbres fruitiers en fleurs. C'était comme une de ces fêtes singulières, poétiques, éphémères et locales qu'on vient de très loin contempler à époques fixes, mais une fête donnée, celle-là, par la nature. Les fleurs des cerisiers sont si étroitement collées aux branches, comme un blanc fourreau, que de loin, parmi les arbres qui n'étaient presque ni fleuris, ni feuillus, on aurait pu croire, par ce jour ensoleillé mais encore si froid, que c'était de la neige, fondue ailleurs, qui était restée après les arbustes. Mais les grands poiriers enveloppaient chaque maison, chaque modeste cour d'une blancheur plus vaste, plus unie, plus certaine, comme si tous les logis, tous les enclos du village fussent en train de faire, à la même date, leur première communion.

Jamais Robert ne me parla plus tendrement de son

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