990 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE
qu'ici ma meilleure journée a été de un dollar et demi (7 fr. 50).
Quant à la laiterie, on me dit qu'elle sortira de terre un de ces jours. Je suis allée à Victoria, la semaine passée pour m'entendre avec le département agricole au sujet des plans. M. Carmichaël m'a assuré que les bâtiments seraient terminés à la fin de l'année. Il désire que je reste à Alberni pour surveiller la construction. Nous aurons les plus belles vaches de l'île, des Ayrshires et des Holstein pure race, les Jersey ne s'acclimatant pas très bien ici.
Comme personnel, on me promet un Anglais qui traira les vaches ; plus la moitié d'un Chinois, l'autre moitié étant à la disposition de la femme du fermier. Encore cette moitié de Chinois est-elle problématique. Mieux vaut commencer modestement. Je prendrai sans doute mes repas chez les fermiers.
A Victoria, dans la rue, j'ai été étonnée de rencontrer la squaw, si peu aimable, qui fut mon hôtesse il y a quel- ques semaines. Elle est revenue à de meilleurs sentiments et m'a embrassée à trois reprises. Je suis rentrée ici par le '*Tees". J'étais heureuse de retrouver Port Alberni et de reprendre ma vie sur l'eau. L'automne est merveil- leusement beau. Il y a dans l'air quelque chose qui rend heureux et léger.
J'ai fait la connaissance d'une jeune Anglaise de mon âge. Miss Maclaverty. Elle est fine et charmante. Arrivée à Alberni depuis quelques mois, elle y a acheté des terrains et campe sur ses lots, en attendant leur augmentation de valeur. Elle a, comme installation, une tente accolée à une minuscule baraque en bois. Des amis lui ont fait cadeau de peaux de cerfs en guise de tapis. Je lui dis que sa tente
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