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NOTES 909

qu'à l'image du jeune Dante il peuple de Béatrice : " L'admi- rable Béatrice fut-elle vraie, et toute vraie ? Ou bien Dante, Tunique, condamné à ne pas trouver d'autre être qui sentît comme lui la forma-t-il, Taccomplit-il dans sa haute imagination; puis illusionné, jouit-il et soufFrit-il de son ombre ï " Alberto se regarde avec ce pessimisme grossissant des jeunes ; il se laisse prendre aux illusoires déformations de son miroir ; il se juge " laid et méchant ".

Au fond, il y trouve un acre plaisir ; de sa méchanceté

    • à doses utiles ", il n'est pas sans attendre quelque levain. Voici

qui fait de lui quelque chose de plus qu'un Werther ou un Jacopo Ortis d'arrière-saison. Aussi ne s'épargne-t-il pas. Tout au long du livre. Ego apparaît (comme dans cette exquise fan- taisie de la Princesse de Pimpirimpara, tohu-bohu d'images, marionnettes d'extravagante bouffonnerie, que je ne puis com- parer pour sa complexité humoristique et sentimentale comme pour l'efficacité du style infiniment souple, qu'à certains passages des Moralités Légendaires) — Ego, qui nous montre dans ses juvéniles désespoirs, dans ses enthousiasmes, dans ses affections, toute la petite misère du conventionalisme, des larmes forcées, des transactions quotidiennes, " son insen- sibilité devant les vraies souffrances ", ses apitoiements imagi- naires.

Pour connaître Dossi il faut insister sur la Vie d"* Alberto Pisanif car ce livre contient toute l'œuvre future, et le Dossi à double face : le romantique impénitent, rêveur, sentimental — et l'humoriste spirituel, endiablé. Dossi a obéi à deux grandes impulsions : sa tendresse, sa générosité foncières qui ont donné les Amori ^ galerie de souvenirs et de rêves, images " d'ogni-

Baudelaire. " Mon admiration est mêlée à la douleur de voir qu'une partie de mes projets littéraires a été réalisée par lui d'une façon inaccessiblement splendidc. " ' 1887.

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