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870 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

lecteurs de journal, peut seul aussi se payer le luxe et Tinsolence de la vérité.

Là encore, Stendhal me rappelle Montaigne. Stendhal est un Montaigne qui a l'Italie du moyen âge pour antiquité ; que Tamour occupe par voca- tion plus que l'amitié ; et à qui les œuvres d'art tiennent lieu de morale.

Ce qui trompe sur les goûts de Stendhal, c'est la gêne du petit consul, et les manies du vieux garçon. Je ne sais pour quoi, les princes semblent toujours mariés chez les modernes ; et chez les anciens, on ne pense jamais qu'ils aient pu l'être. La femme est le plus beau luxe de l'homme, depuis quinze cents ans : voilà sans doute la raison.

Mérimée voyait ainsi cet ami redoutable : origi- nal en toutes choses, dit il, et au fond de l'âme aristocrate achevé. " J'abhorre la canaille, en même temps que sous le nom de peuple je désire pas- sionnément son bonheur. J'ai horreur de ce qui est sale ; or, le peuple est toujours sale à mes yeux. " Qu'on leur accorde la Charte, en attendant qu'ils soient dignes de la République.

Le pouvoir absolu aux mains du meilleur, telle est la politique de l'art. La dictature du génie est selon le cœur de l'artiste, et le seul ordre raison- nable. La religion sacre la monarchie légitime, et elle seule. Les rois ont perdu toute autorité, là où l'Eglise vivante ne la leur confère plus. (J'en

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