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866 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

médiocre, et que sa volonté tyrannique ne lui fût plus de rien, pour qu'il se connût lui-même, et pour posséder Tunique bien qui nous comble le cœur. En se rendant Tamour, il se restitue à soi- même. Comme Fabrice n'est heureux que dans sa prison, Julien n'a de cœur et ne goûte le bonheur de la vie que dans son cachot, aux viles portes de la mort. La même fable porte le même symbole ; et il est si beau que Stendhal n'en cherche pas un autre. C'est tout gagner, que de tout perdre en trouvant l'amour. Et peut-être y faut-il la prison, qui est la rupture du lien avec les hommes.

En Julien Sorel, l'ambition n'était que le masque de la passion, et le moindre usage d'une nature conquérante. Ce sentiment me rend le fier jeune homme plus vrai et plus beau que Bonaparte, son idole. Et quelle liberté dans ce donjon gardé par le bourreau et la légitime stupidité des lois. Enfin la séparation d'avec les hommes rend libre celui qui tient l'objet de sa passion : mais il faut qu'il le tienne, je l'avoue.

§

Voir le monde comme il est : mot qui ne veut rien dire, précepte de morale à la Carlyle et l'allemande : une prophétie concernant l'événemeii^ accompli.

On voit le monde comme on est, quand on

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