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JOURNAL DE VOYAGE (cANADa) 777

partait, trouvant la place trop dure. Et, dans le Canada du nord, où la saison est si courte, il faut se presser ; un ou deux jours de retard pour les semailles et la récolte de l'année sera compromise. L'étable aux vaches et celle aux cochons ont été construites par Miss May et par Jack. Maintenant elles emploient leurs moments perdus à creuser une cave sous la maisonnette.

Après avoir déjeuné et fumé une cigarette, nous allons à travers champs, en cabriolet, voir l'état des cultures. La ferme a un demi-mille carré de superficie. J'admire les chevaux ; le bétail aussi est très beau ; ce sont des vaches de race Holstein, grosses bêtes à pelage noir et blanc.

Le soir, après le thé, je repars. Jack, ayant des commis- sions à faire à Sedgewick, me ramène en voiture. En route elle descend pour me cueillir un bouquet de lis sauvages. Je tiens le cheval pendant qu'elle se fait couper les cheveux chez le barbier. La nuit n'est pas encore tombée. Devant le Pionners Hotel^ quelques hommes à grand feutre fument la pipe ; le blanchisseur chinois sus- pend son linge à sécher. Dans la rue unique, nous avons été croisés par le rig d'un Indien à l'air misérable. Sa femme porte une longue robe rose en percale, ornée de volants, et un châle vert. Ils sont l'un et l'autre de type assez dégénéré. Maintenant ils stationnent devant la baraque du forgeron.

J'ai fait mes adieux à Jack. Elle m'est sympathique et j'espère l'engager à venir me rejoindre, si jamais plus tard j'avais une ferme à moi. Je vais ensuite au Pionners Hôtel retrouver ma chambre de la nuit dernière, en attendant le train qui passe à deux heures du matin. La chaleur est suffocante et les moustiques intolérables. Je ne parviens

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