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772 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

sœurs rencontrées à bord proposent de m'engager pour enseigner le français dans leur école. Je fais de nombreux tours de pont, habitude prise sur le bateau anglais. J'ai le champ libre, les Américains n'aimant guère la marche.

On a peine à comprendre qu'en deux ou trois généra- tions, les Anglais aux longues figures fines puissent se transformer en des gens aux pommettes saillantes, aux fortes mâchoires, aux épaules carrées. Leur tenue aussi n'a plus rien de britannique. Les Canadiens ont les vêtements trop grands, à la mode américaine ; leurs cheveux rasés sur la nuque m'ont fait croire, les premiers jours, qu'ils portaient tous perruque. Les chaussures de foot bail, jaune canard, ont la vogue. C'est peut-être confortable, mais pas élégant. Un chapeau de forme œuf poché couronne l'édifice. Les femmes que je vois en bateau et dans les trains me paraissent en général peu intéressantes et assez frivoles, mais j'ai peine à les juger, les connaissant si superficiellement.

A Fort William, mauvaise correspondance. Je passe dix heures dans la salle d'attente, par la pluie, à amuser les enfants, compagnons de misère, dont le père à type de clown, me dit tenir à Vancouver un hôtel à l'enseigne de " La Balançoire. "

Trajet sans intérêt jusqu'à Winnipeg, pays pauvre, un fouillis de rochers sans grandeur et d'arbres rabougris. J'apprécie les charmes du Pullmann car. Autour d'un couloir central, longues rangées de couchettes superposées deux par deux. J'admire l'adresse du grand nègre qui fait le service. En quelques minutes, il transforme le compî timent de jour en compartiment de nuit. Stupéfaction, matin, — j'étais dans la couchette de dessous — en seni

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