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��RACHEL FRUTIGER

��Autrefois, quand ma Mère me parlait de ses années de classe, à Genève, et de ses amies d'alors, Pénélope Craigie et Rachel Frutiger, je ne savais voir que ma Mère, telle que je la connais, se promenant avec d'autres dames sous les arbres de l'île Jean-Jacques, entre les deux grands ponts blancs et l'eau bleue. Ce ne fut que beaucoup plus tard, un jour d'été et de jeûne cantonal, comme je traversais Plainpalais, que je compris qu'il s'agissait de petites filles. Et je les vis pareilles à celles que j'avais vues, d'autres jours, leur cartable au dos et deux nattes par dessus leur cartable, allant par deux et par trois et par quatre, et se donnant le bras pour traverser les rues encom- brées. Je sus qui étaient " ces deux petites Fran- çaises " : les deux nattes brunes, ma Mère ; les deux nattes blondes, ma Tante Jane. Et j'ai suivi, vers le centre de la ville, un chemin qui devait être celui de leur école. Mais existe-t-elle encore ? Elle s'appelait : les Cours du Bon Pasteur, ou peut-être même : des bons Pasteurs. Naturelle- ment c'était " ce qu'il y avait de mieux ", et

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