Page:NRF 11.djvu/696

Cette page n’a pas encore été corrigée

690 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

— Voulez-vous que je donne un peu d*air ? et Anthimc, complaisamment, baissa la vitre de son côté.

— Sitôt à Rome, reprit Julius, je sollicitai donc une audience. Je fus reçu. Un étrange succès devait couronner ma démarche...

— Ah ! fit indiflPéremment Anthime.

— Oui mon ami. Car si je n'obtins en l'espèce rien de ce que j'étais venu réclamer, je remportai du moins de ma visite une assurance... qui mettait notre Saint-Père à l'abri de toutes les suppositions injurieuses que nous formions à son endroit.

— Dieu m'est témoin que je n'ai jamais rien formulé d'injurieux à l'endroit de notre Saint-Père.

— Je formulais pour vous. Je vous voyais lésé ; je m'indignais.

— Arrivez au fait, Julius : vous avez vu le pape ?

■ — Eh bien, non ! je n'ai pas vu le pape, éclata enfin Julius — mais je me suis saisi d'un secret ; secret douteux d'abord, mais qui bientôt, par la mort de notre cher Amédée, devait trouver une confirmation soudaine ; secret effroyable, déconcertant, mais où votre foi, cher Anthime, saura puiser du réconfort. Car sachez que de ce déni de justice dont vous fûtes victime, le pape est innocent...

— Eh ! je n'en ai jamais douté.

— Anthime, écoutez bien : Je n'ai pas vu le pape parce que personne ne peut le voir ; celui qui présente- ment est assis sur le trône pontifical et que l'Eglise écoute et qui promulgue ; celui qui m'a parlé, le pape qu'on voit au Vatican, le pape que j'ai vu n'est pas le vrai.

Anthime, à ces mots, commença d'être secoué tout entier d'un gros rire.

�� �