Page:NRF 11.djvu/688

Cette page n’a pas encore été corrigée

682 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

arme contre moi ; je ne vais pas examiner s'il serait bien prudent pour vous-même de vous en servir. Vous désirez que je rachète ce petit bout de cuir. Allons, parlez ! Cessez de rire et de me dévisager ainsi. Vous voulez de l'argent. Combien ?

Le ton était si décidé que Protos avait fait un petit retrait en arrière ; il se ressaisit aussitôt.

— Tout beau ! tout beau ! dit-il. Que vous ai-je dit de malhonnête ? On discute entre amis, posément. Pas de quoi s'emballer. Ma parole, vous avez rajeuni, Cadio !

Mais comme il lui caressait légèrement le bras, Lafcadio se dégagea dans un sursaut.

— Asseyons-nous, reprit Protos ; nous serons mieux pour causer.

Il se cala dans un coin, à côté de la portière du couloir, et posa ses pieds sur l'autre banquette.

Lafcadio pensa qu'il prétendait barrer l'issue. Sans doute Protos était armé. Lui, présentement, ne portait aucune arme. Il réfléchit que dans un corps-à-corps il aurait sûrement le dessous. Puis, s'il avait un instant pu souhaiter de fuir, la curiosité déjà l'emportait, cette curiosité passionnée contre quoi rien, même sa sécurité personnelle, n'avait pu jamais prévaloir. Il s'assit.

— De l'argent ? Ah ! fi donc ! dit Protos. Il sortit un cigare d'un étui, en offrit un à Lafcadio qui refusa, — La fumée vous gêne peut-être ?... Eh bien, écoutez- moi. Il tira quelques bouffées de son cigare, puis, très calme :

— Non, non, Lafcadio, mon ami, non ce n'est pas de l'argent que j'attends de vous ; mais de l'obéissance. Vous ne paraissez pas, mon garçon (excusez ma franchise),

�� �