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674 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

la délicate veuve se courbait en dehors, vers le passage, et, relevant lestement sa jupe, du mouvement le plus naturel, découvrait un bas écarlate et le mollet le mieux formé.

Si inopinément cette note ardente éclatait dans cette grave symphonie... rêvait-il ? Cependant le garçon appor- tait un nouveau plat. Lafcadio s'allait servir ; ses yeux se reportèrent sur son assiette, et ce qu'il vit alors l'acheva :

Là, devant lui, à découvert, au milieu de l'assiette tombé l'on ne sait d'où, hideux et reconnaissable entre mille... n'en doute pas, Lafcadio : c'est le bouton de Carola ! Celui des deux boutons, qui manquait à la seconde manchette de Flcurissoire. Voici qui tourne au cauchemar... Mais le garçon se penche avec le plat. D'un coup de main, Lafcadio nettoie l'assiette, faisant glisser le vilain bijou sur la nappe ; il replace l'assiette par- dessus, se sert abondamment, emplit son verre de Champagne, qu'il vide aussitôt, puis remplit. Car main- tenant si l'homme à jeun a déjà des visions ivres... Non, ce n'était pas une hallucination : il entend le bouton crisser sous l'assiette ; il soulève l'assiette, s'empare du bouton ; le glisse à côté de sa montre dans le gousset de son gilet ; tâte encore, s'assure : le bouton est là, bien en sûreté... Mais qui dira comment il était venu dans l'as- siette ? Qui l'y a mis?... Lafcadio regarde Defouqueblize: le savant mange innocemment, le nez bas. Lafcadio veut penser à autre chose : il regarde de nouveau la veuve ; mais dans son geste et dans sa mise tout est redevenu décent, banal ; il la trouve à présent moins jolie. Il tâche d'imaginer à neuf le geste provocant, le bas rouge ; il ne peut pas. Il tâche de revoir sur son assiette le bouton,

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