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666 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

— Permettez-moi de vous demander : vous avez quelque raison particulière de craindre ?

— Moi ?

— Oui ; quand vous avez dit à mon beau-frère de se méfier, je vous demande si vous aviez des raisons de supposer... Parlez à cœur ouvert: il ne vient personne ici le matin et l'on ne peut pas nous entendre. Vous soup- çonnez quelqu'un ?

Carola baissa la tête.

— Comprenez que cela m'intéresse particulièrement, continua Julius volubile, et mettez-vous en face de ma situation. Hier soir, en rentrant de la questure où j'avais été déposer, je trouve dans ma chambre, sur la table, au beau milieu de ma table, le billet de chemin de fer avec lequel ce pauvre Fleurissoire avait voyagé. Il était inscrit à mon nom ; ces billets circulaires sont strictement person- nels, c'est entendu ; j'avais eu tort de le prêter ; mais là n'est pas la question... Dans ce fait de me rapporter mon billet, cyniquement, dans ma chambre, en profitant d'un instant où j'en suis sorti, je dois voir un défi, une fanfa- ronnade, et presque une insulte... qui ne me troublerait pas, cela va sans dire, si je n'avais de bonnes raisons de me croire à mon tour visé, voici pourquoi : Ce pauvre Fleurissoire, votre ami, était possesseur d'un secret... d'un secret abominable... d'un secret très dangereux... que je ne lui demandais pas... que je ne me souciais nullement de savoir... qu'il avait eu la plus fâcheuse imprudence de me confier. Et maintenant, je vous le demande : celui qui, pour étouffer ce secret n'a pas craint d'aller jusqu'au crime... vous savez qui c'est ?

— Rassurez-vous, Monsieur le Comte : hier soir je l'ai dénoncé à la police.

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