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SÉJOUR DE STENDHAL A BRUNSWICK 56 1

Nous sommes arrivés vers les neuf heures à Videlah. La campagne prend de la physionomie en s'approchant du Harz. A une heure, nous dînions dans l'auberge de La Truite Rouge^ à Ilsenburg. Nous y trouvons MM. de Hamerstein, dont l'un a tué à Paris Gustave Knœring.

Nous nous mettons en marche pour le Brocken, à quatre heures. En montant, nous voyons une batterie de fer et une fabrique où l'on tire le fer en fil.

Nous arrivons au Brocken vers les huit heures, exces- sivement fatigués, M. de St[rombeck] moins que moi cependant. La petite vallée qui y conduit est très com- mune ; les gens de ce pays l'admirent parce que c'est la première montagne qu'ils voient. L'Ilsenstein, ou rocher de l'Use, ne mérite aucune attention à mes yeux, et est cependant célèbre. Sur le petit Brocken, demi-heure ^ avant le véritable, il y a une maison abandonnée. Le comte de Wernigerode, souverain de ce pays, a fait bâtir sur le sommet du Brocken une maison, dont les murs ont cinq pieds d'épaisseur. Elle est de granit, comme le mont lui-même. La maison est exactement au sommet. Ce sommet est couvert de gros blocs de granit, tout indique une montagne qui tombe en ruines. Cette maison est, je crois, remarquable en ce qu'elle est peut-être la seule du monde, à cette élévation ^, d'où la vue puisse s'étendre de tous côtés. On voit aussi bien les plaines qui sont adossées à la forêt de Thuringe, vers Gotha et Weimar, que celles de Brunsw^ick et de Hameln. Le Brocken est l'habitation la plus élevée de l'Allemagne. Nous y trou-

^ Stendhal n'a jamais pu se débarrasser entièrement du dauphinisme *< demi-heure ".

^ Le Brocken a une altitude de 1.142 mètres.

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