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48 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Et, tout en se dirigeant vers l'impasse Claude Bernard, Julius imaginait avec quelles précautions, sous quel prétexte s'introduire et pousser son inquisition.

Que pouvait bien avoir affaire avec ce Lafcadio le comte Juste- Agénor de Baraglioul ? La question bourdon- nait autour de Julius, importune. Ce n'est pas maintenant qu'il venait d'achever d'écrire la vie de son père, qu'il allait se permettre des questions à son sujet. Il n'en voulait savoir que ce que son père voudrait lui dire. Ces dernières années le comte était devenu taciturne, mais il n'avait jamais été cachotier... Une averse surprit Julius tandis qu'il traversait le Luxembourg.

Impasse Claude Bernard, devant la porte du douze, un fiacre stationnait où Julius, en passant, put distinguer, sous un trop grand chapeau, une dame à toilette un peu tapageuse.

Son coeur battit tandis qu'il jetait le nom de Lafcadio Wluiki au portier de la maison meublée ; il semblait au romancier qu'il s'enfonçait dans l'aventure ; mais, tandis qu'il montait l'escalier, la médiocrité du lieu, l'insigni- fiance du décor le rebuta ; sa curiosité qui ne trouvait où s'alimenter fléchissait et cédait à la répugnance.

Au quatrième étage, le couloir sans tapis, qui ne recevait de jour que par la cage de l'escalier, à quelques pas du palier faisait coude ; de droite et de gauche des portes closes y donnaient ; celle du fond, entr'ouverte, laissait passer un mince rais de jour. Julius frappa ; en vain ; timidement poussa la porte un peu plus ; personne dans la chambre. Julius redescendit.

— S'il n'est pas là, il ne tardera pas à rentrer, avait dit le portier.

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