Page:NRF 11.djvu/475

Cette page n’a pas encore été corrigée

LES CAVES DU VATICAN 469

calcul, admettrons-nous une âme qui ne tienne plus de comptes du tout ?

Baraglioul attendait un assentiment ; mais :

— Non ! non ! mille fois non : nous ne l'admettrons pas ! s'écria véhémentement Fleurissoire ; puis soudain effrayé par l'éclat de sa propre voix, il se pencha vers Baraglioul.

— Parlons plus bas ; l'on nous écoute.

— Bah ! Qui voulez-vous que ce que nous disons intéresse ?

— Ah ! mon ami, je vois que vous ne savez pas com- ment ils sont dans ce pays. Pour moi. je commence à les connaître. Depuis quatre jours que je vis parmi eux, je ne sors pas des aventures ! et qui m'ont inculqué de vive force, je vous jure, une précaution que je n'avais pas naturelle. On est traqué.

— Vous vous imaginez tout cela.

— Je le voudrais, hélas ! et que tout cela n'existât que dans mon cerveau. Mais, que voulez-vous ? lorsque le faux prend la place du vrai, il faut bien que le vrai se dissimule. Chargé de la mission que je vous dirai tout à l'heure, entre la Loge et la Société de Jésus, c'en est fait de moi. Je suis suspect à tous ; tout m'est suspect. Mais si je vous avouais, mon ami, que tout à l'heure, et devant cette moquerie que vous opposiez à ma peine, j'ai pu douter si c'était au vrai Julius que je parlais, ou non plutôt à quelque contrefaçon de vous-même... Mais si je vous disais que, ce matin, avant de vous avoir rencontré, j'ai pu douter de ma propre réalité, douter d'être moi- même ici, à Rome, ou si plutôt je rêvais simplement d'y être et n'allais pas bientôt me réveiller à Pau, doucement

�� �