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468 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

— Vous devriez prendre des bains sulfureux, dit Baraglioul.

— Ce n'est pas ce que vous croyez, protesta Fleuris- soire.

— Tant mieux, reprit Baraglioul, qui du reste ne croyait rien ; je vous donnais ce conseil en passant. Puis, se campant en arrière, et sur un ton professoral :

— Eh bien ! voici, cher Amédée : M'est avis que, depuis La Rochefoucauld, et à sa suite, nous nous sommes fourrés dedans ; que le profit n'est pas toujours ce qui mène l'homme ; qu'il y a des actions désintéressées...

— Je l'espère bien, interrompit candidement Fleuris- soire.

— Ne me comprenez pas si vite, je vous en prie. Par désintéressé^ j'entends : gratuit. Et que le mal, ce que l'on appelle : le mal, peut être aussi gratuit que le bien.

— Mais, dans ce cas, pourquoi le faire ?

— Précisément ! par luxe, par besoin de dépense, par jeu. Car je prétends que les âmes les plus désintéressées ne sont pas nécessairement les meilleures — au sens catholique du mot ; au contraire, à ce point de vue catho- lique, l'âme la mieux dressée est celle qui tient le mieux SCS comptes.

— Et qui se sent toujours en reste avec Dieu, ajouta benoîtement Fleurissoire qui tâchait de se maintenir à hauteur.

Julius était manifestement irrité par les interruptions de son beau-frère ; elles lui paraissaient saugrenues.

— Certainement le mépris de ce qui peut servir, reprit-il, est signe d'une certaine aristocratie de l'âme... Donc échappée au catéchisme, à la complaisance, au

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