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45^ LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Amédée s'apprêtait à sortir, complètement bouleversé par ces derniers propos ; il était déjà dans l'escalier, elle le rappela :

— Surtout, si tu le revois, ne lui dis pas que je t'ai parlé. Ce serait comme si tu me tuais.

La vie devenait décidément trop compliquée pour Amédée. Au surplus il se sentait les pieds gelés, le front brûlant, et les idées fort mal en place. Comment s'y reconnaître à présent, si l'abbé Cave lui-même n'était qu'un farceur ?... Alors, le cardinal aussi, peut-être ?... Mais ce chèque, pourtant ! Il sortit le papier de sa poche, le palpa, rassura sa réalité. Non ! non, ce n'était pas possible ! Carola se trompait. Et puis, que savait-elle des intérêts mystérieux qui forçaient ce pauvre Cave à jouer double jeu ? Sans doute fallait-il voir là, plutôt, quelque mesquine rancune de Baptistin, contre qui précisément le bon abbé l'avait mis en garde... N'importe ! il ouvrirait l'œil encore plus ; il se défierait désormais de Cave, comme il se défiait déjà de Baptistin ; et qui sait si, df Carola même... ?

— Voilà bien, se disait-il, à la fois la conséquence la preuve de ce vice initial, de ce trébuchement du Saint Siège : tout le reste à la fois chavirait. A qui se fier, sinoi au pape ? et dès que cette pierre angulaire cédait, si laquelle posait l'Eglise, rien ne méritait plus d'être vrai|

Amédée marchait à petits pas pressés, dans la directioi de la poste ; car il espérait bien trourcr quelques nouvelle du pays, honnêtes, où rasseoir enfin sa confiance fatigué* Le brouillard léger du matin et cette profuse lumière ci s'évaporait et s'irréalisait chaque objet favorisait encore

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