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444 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

poudre de riz, d'un davier, d'un peigne, d'une lancette, d'un pot de pommade, d'un bocal où naviguaient indolem- ment quelques sangsues, d'un second bocal qui renfermait le ruban d'un ver solitaire, d'un troisième enfin, sans couvercle, à demi plein d'une substance gélatineuse et sur le transparent cristal duquel une étiquette était collée où, écrit à la main en majuscules fantaisistes, on pouvait lire : Antiseptic.

A présent le barbier, pour mener à perfection son ouvrage étalait à nouveau sur le visage déjà rasé une mousse onctueuse et, du clair d'un second rasoir qu'il affilait au creux de sa main moite, raffinait. Amédée ne songeait plus qu'on l'attendait ; il ne songeait plus à partir, s'endormait... C'est alors qu'un Sicilien à voix forte entra dans la boutique, crevant cette tranquillité ; que le barbier, tout causant aussitôt, ne rasa plus que d'une main distraite et, d'un franc coup de lame, vlan ! écornifla le bouton.

Amédée fit un cri, voulut porter la main à l'écorchure où perlait une goutte de sang :

— Niente ! niente ! dit le barbier qui lui retint le bras, puis, d'abondance, prit au fond d'un tiroir une pincée d'ouate jaunie qu'il trempa dans I'Antiseptic et appliqua sur le bobo.

Sans plus s'inquiéter s'il faisait retourner les passants, où courut Fleurissoire en redescendant vers la ville ? Au premier pharmacien qu'il rencontre le voici qui montre son mal. L'homme de l'art sourit, vieillard verdâtre, d'aspect malsain, qui cueille dans une boîte un petit rond de taffetas, passe dessus sa large langue et...

Jaillissant hors de la boutique, Fleurissoire cracha de

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