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LES CAVES DU VATICAN 443

Les maisons enfin s'espaçaient, devenaient plus basses, et le peuple se raréfiait, Protos alentissait sa marche. Il s'arrêta devant l'échoppe d'un barbier et, retourné vers Fleurissoire, cligna de l'œil ; puis, à vingt pas plus loin, arrêté de nouveau devant une petite porte basse, sonna.

La devanture du barbier n'était pas particulièrement attrayante ; mais pour désigner cette boutique l'abbé Cave avait sans doute ses raisons ; Fleurissoire aurait dû, d'ailleurs, retourner loin en arrière pour en trouver une autre et sans doute non plus engageante que celle-ci. La porte, à cause de l'excessive chaleur restait ouverte ; un rideau de grosse étamine retenait les mouches et laissait passer l'air ; on le soulevait pour entrer ; il entra.

Certes c'était un homme expert, ce barbier qui, précautionneux, d'un coin de serviette, après avoir savonné le menton d'Amédée, écartait la mousse et remettait à jour le bouton rougeoyant que son client craintif lui signalait. O somnolence ! engourdissement chaleureux de cette petite échoppe tranquille ! Amédée, la tête en arrière, à demi-couché dans le fauteuil de cuir, s'abandonnait. Ah ! pour un court instant tout au moins, oublier ! ne plus penser au pape, aux moustiques, à Carola ! Se croire à Pau, près d'Arnica ; se croire ailleurs ; ne plus bien savoir où l'on est... Il fermait les yeux, puis, les rentr'ouvant, distinguait comme dans un rêve, en face de lui, sur le mur, une femme aux cheveux défaits, issue de la mer napolitaine et rapportant du fond des flots, avec une voluptueuse sensation de fraîcheur, un étincelant flacon de lotion philocapillaire. Au-dessous de cette pan- carte, d'autres flacons, sur une plaque de marbre, étaient rangés auprès d'un bâton de cosmétique, d'une houppe à

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