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AUTOUR DE PARSIFAL 43 1

du goût théâtral, un goût très tolérant, est simplement de la mauvaise musique, la plus mauvaise qui ait peut-être jamais été faite. " (Nietzsche.)

Or, que ressort-il, aujourd'hui, de mes entretiens avec nos compositeurs ? Tous — sans exception aucune — déclarent la partition de Parsifaly de la musique^ rien que de la musique. M. Ravel lui-même dit Wagner égal, sinon supérieur à Beethoven — auquel on revient lentement.

J'avais cru comprendre qu'une scission s'était formée, qu'il y avait deux classes : ceux qui protestaient contre, ceux qui admettaient Parsifal. Eh ! bien, non : le respect est le même, d'un côté et de l'autre. — Certain auteur triste, mais enragé et délibérément d'avant-garde (à ses propres yeux), s'est écrié, à l'Opéra, le soir de la répétition générale : " Nous sommes chez les Troglodytes ; ceci date d'avant le Déluge. " — Mais un silence morne accueillit cette espièglerie d'organiste aveugle.

" Parlez-moi de Tristan et de Siegfried^ nous serons d'accord ; c'est la jeunesse, l'effervescence et la passion. Parsifal? ouvrage de vieillard, l'occupation d'un cente- naire, un herbier et une collection de minéraux pour M. Gustave Moreau. " Voilà donc ce que la brillante jeunesse a découvert ! Elle peut être fière de sa trouvaille : l'âge de Wagner, quand il écrivit sa dernière œuvre.

Pour un enfant, tous les adultes qui l'entourent sont des centenaires ; M. Debussy et M. Ravel ont des rides, qu'avant nous, les commençants, avec leur cruelle loupe, ont vues. — Ne nous inquiétons pas de cela. Ce qui est solide, on le décrie pour la seule raison qu'il a duré, on le décrie, au moment même oiîi ce rebut va s'affirmer immortel.

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