Page:NRF 11.djvu/433

Cette page n’a pas encore été corrigée

AUTOUR DE PARSIFAL 427

tout, même un peu de ce que 'nous aimons en Stravinski. — Mais Stravinski acheva d'anéantir en nous cette faculté d'écouter les œuvres longues, cette patience de paroissiens, sans quoi il est inutile de se rendre au concert, dans une salle d'opéra, dans tout endroit où l'on s'assied dans une stalle, bien décidé à s'abstraire, à se fondre dans la musi- que, sans jamais tirer la montre hors du gousset, sans crainte de la migraine et de ces courses folles à quoi la pensée, est trop sujette.

La peur de s'ennuyer : il faut toujours en revenir là, c'est elle qui annihile notre jugement. Nous ne voulons pas qu'on nous attache, même avec des fils d'or. Donnez- moi la clef des champs, pour mon imagination, je ne veux pas me sentir emprisonné.

Or Wagner versa en nous, d'abord, un soporifique qui se muait, petit à petit, en un philtre de patience. — Ce philtre n'agit plus sur les contemporains du jeune Igor Stravinski. — Un des convives, ex-fervent de Bayreuth, m'expliqua :

— Parsifal est une chose toujours admirable, un grand chef-d'œuvre, mais il est mal présenté, il faudrait le monter sur des principes tout nouveaux. Et puis, il y aurait deux heures de musique à couper.

— Quoi ?

— Mais, naturellement : le rôle de Gurnemanz en entier, d^ abord ; après, l'on verrait.

Bon vieux Gurnemanz, qui m'es encore si cher, avec ta magnifique innocence,avec la pruderie que tu enseignes aux petits écuyers, tes dévots, on donnera bientôt de grands coups de ciseaux dans tes monologues sublimes, dans le récit de la Lance, qui encore aujourd'hui, me transforme en

�� �