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PAUL DÉROULEDE 4O9

se fatigue au théâtre, est quelque part justifiée, c*est bien dans une poésie d'action. Action et poésie sont ici solidaires. Privez Déroulède des moyens d'agir, son action se réfugiera dans ses poèmes. Chassez-le de la poésie, sa poésie se réfugiera dans ses actes, dans ses gestes et dans sa figure. N'eût-il que fourni le prétexte de la belle statue que viennent de dresser, à sa mémoire, Jean et Jérôme Tharaud, que cela suffirait pour en faire un poète au sens le plus large du terme : un représentant d'idéal.

Si le gouvernement connaissait son devoir, il confierait aux frères Tharaud le soin de fixer "pour les classes " la vie de nos hommes illustres. Ils possèdent, comme aucun écrivain de leur temps, les qualités expressément requises. Ce sont des esprits clairs et pondérés, qui ne s'embarrassent pas d'allusions, de sous-entendus, de nuances, qui aiment les faits pour les faits, pour leur évidence et leur beau dessin. Ils vont au plus court, au plus net, qui est pour eux l'essentiel. Leur création n'est pas lyrique, elle n'est pas non plus critique. Ils ne forcent pas le réel ; ils n'auraient garde de le dissocier. Ils savent qu'ils voient juste et enre- gistrent comme ils voient. Dans le récit, c'est un peu la manière de Stendhal, mais sans doute se trouveraient-ils perdus parmi les " attendus " du Stendhalisme ; ils n'en gardent que l'allant et que le ressort. Une vie comme celle de Déroulède,

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