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37^ LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

dans quelle forêt il se trouve. Barrés est parti sans savoir. Et il n'a pas trouvé le rossignol. Mais il y en a un : c'est le mien. Je te le donne.

Non, il n'a pas trouvé le rossignol. Et c'est ce qui fait le charme extrême de son œuvre. 11 a cherché des solidités, et pour s'y appuyer, il n'a pu que projeter hors de lui ses rêves. Il a appuyé son âme sur son âme. Car la Lorraine, c'est encore son âme. Il a créé la Lorraine : ce n'est pas elle qui l'a créé. De là vient la beauté pathétique de Chant de Confiance. Les mauvaises circonstances ne lui laissent l'appui d'aucune réalité ; et l'auteur de Leurs Figures pour s'y appuyer, a besoin, le beau réaliste, d'une réalité réelle. — Il n'en a pas. Il en crée. C'est la Tour de Pise qui veut se redresser. C'est un beau jardin suspendu.

Il en crée. Mais je le vois qui veut s'appuyer à ses peupliers irréels, qui veut se baigner dans sa Moselle imaginaire. Qu'il prenne garde de s'y noyer ! Et surtout qu'il n'y entraîne pas Philippe avec lui ! Le fait est qu'il s'y noie. Et c'est son excuse. La Lorraine peut bien lui donner une source de lyrisme ; c'est un " puits de rêverie ". Mais il lui demande " une règle de conduite, une politique ". Et alors il se crotte. Car une règle de conduite il faut la demander à une réalité : la Lorraine n'en est pas une, ne peut pas en être une. De là vient que ce beau lotharingisme conduit notre homme au rationalisme. Un arbre se juge à

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