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372 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

cet héroïsme. Car un tel avortement introduira dans la vie quelque chose qui ne peut que réjouir fort ceux qui cherchent quelque chose à admirer : une nouvelle source de tragique, un tragique neuf. Quoi de plus tragique, si ce jeune garçon dont je t'ai raconté l'histoire, et qui a refusé d'être insti- tuteur, regrette son dévouement, son sacrifice, — si son héroïsme s'épuise, s'il cesse d'être un militant, s'il retombe à la résignation, à l'abrutissement, à l'alcool ! — Ainsi, que cet effort réussisse ou échoue, voilà un aliment pour l'art, voilà une source, une matière à enthousiasme, mieux encore à amitié. Oui, si je pouvais suivre avec amitié le développement et les efforts d'un jeune meneur, et tout ce combat pathétique, quel intérêt dans la vie ! Je tiendrais mon rossignol, moi.

Mais d'autre part — et voilà qui explique mon adhésion au socialisme unifié — je souhaite que cet effort réussisse. J'y vois le salut pour la vie, pour la sensibilité, pour l'art. J'attends d'une révolution qu'elle crée des valeurs nouvelles, du peuple (ainsi défini) qu'il crée un art nouveau, j'attends d'une révolution conçue, dirigée par le syndicat un renouvellement de la vie, de la civili- sation, aussi profond, aussi fécond — moins re- doutable — que le renouvellement catholique. Et je suis non seulement le développement et la propagande syndicale avec l'intérêt passionné que j'ai dit, mais encore je souhaite de tout mon cœur

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