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NOTES 359

jouaient — parfois à s'y méprendre et avec un métier très sûr — la naïveté, et avec plus de naturel, la décadence. Aglavaine et Sélysette battirent des mains aux bords de la Sprée et aux bords du Danube. Bahr eut bientôt la joie de découvrir à Vienne Hofmannsthal. Il s'était promis de " travailler à pétrir une humanité nouvelle " et en particulier d'éveiller de son sommeil voluptueux la capitale autrichienne ; il avait fondé une revue Die Zeit qui devait grouper ses compatriotes, leur permettre d'apporter la note viennoise dans le concert des " européens ". Or les jeunes ont répondu à son appel et l'on parle aujourd'hui d'une littérature viennoise, dont Hofmannsthal, Schnitzler, Bahr sont les choryphées.

F. B.

��FRAU BEATE UND IHR SOHN (Frau Béate et son fils), par Arthur Schnitzler (S. Fischer Verlag, Berlin).

C'est un art agréable que celui qui nous vient de la capitale autrichienne. Théâtre, roman, nouvelle y portent la marque d'une civilisation extrême. Au rebours des Allemands qui ahan- nent en soulevant les blocs dont ils rêvent de bâtir on ne sait quel édifice cyclopéen, les auteurs viennois se jouent des difficultés techniques avec une grâce parfaite. Ce sont gens de bonne compagnie, toujours aimables et qui ne nous assomment point de leurs découvertes. Leurs héros savent causer, sourire, délasser un moment, et se faire oublier.

Aussi Paris, qui ignore Eulenberg, connaît-il Arthur Schnitzler. Sa dernière nouvelle, Frau Béate und ihr Sohn, eût pu être écrite en français et signée d'un de nos romanciers élé- gants. C'est du " naturalisme qui sent bon ", accommodé selon la bonne recette. Frau Béate est veuve, oisive, jeune. Elle traîne son ennui dans une villégiature à la mode, au bord du Léman, dans un monde cosmopolite où les hasards du casino et des excursions rapprochent les héroïnes bourgeoises, les rastas

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