Page:NRF 11.djvu/350

Cette page n’a pas encore été corrigée

344 L^ NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

lyrisme de M. Roupnel s'impatiente et soudain vient bousculer ces marionnettes que le peintre tout à l'heure s'amusait à colorier et à mettre en mouvement. Voici qu'à ses person- nages l'auteur communique ses effusions lyriques et que son âme se répand par des paroles qui soulèvent au-dessus d'eux- mêmes ces simples : les souffles de la nature qui les entoure enflent leurs voix. Toutefois il n'en est pas toujours ainsi : le plus souvent quelques paroles ternes, une phrase, dont les mots sont empruntés au langage de besognes journalières, tra- duisent avec une exacte mesure l'émotion qui s'embarrasse, la résignation qui ne songe pas à s'exprimer.

Les paysages suggèrent à l'auteur du Vieux Garain sentiments et pensées : l'amour des champs et de la vie rurale, la compré- hension de la terre et des humbles sont la source directe de son inspiration, ils font l'unité profonde du Fieux Garain comme de Nom. Le réalisme apparent de ces deux romans est trompeur : il se réduit en somme à un souci de rendre le pittoresque extérieur et la divertissante ou sinistre fantaisie des figures et des gestes. Il est probable que le lyrisme de M. Roupnel s'épanouira un jour en des œuvres où il régnera sans faux semblant de réalisme et sous le contrôle d'une volonté qui, par la rigueur de ses sacrifices, dégagera d'une richesse verbale^ singulière toute la force d'un flot que retient une digue.

E. D.

��C'EST LA VIE (dans la Province d'Hier), par Jean Gau-i ment et Camille Ce (Ernest Figuière).

M. Gaument et M. Ce ne sont point de ceux qui découvrent! leur province juste au moment de la décrire : Enfants, ils ont| dû flâner par les petites villes de Normandie, hanter surtout less quartiers populaires du vieux et du nouveau Rouen : ce n'est- pas au hasard qu'ils logent rue Beauvoisine le cordonnier,

�� �