LES CAVES DU VATICAN l^
— Vous n*en voudriez pas... pourquoi ? demanda Julius très calme.
— Parce qu'alors cela me forcerait de croire à Celui qui n'existe pas.
Ce disant il donna du poing sur la table. Marguerite et Véronique, inquiètes, ont échangé un clin d'œil, puis toutes deux reporté les regards vers Julie.
— Je crois qu'il est temps d'aller se coucher, ma fillette, dit la mère. Fais vite ; nous viendrons te dire adieu dans ton lit.
L'enfant, que les atroces propos et l'aspect démoniaque de son oncle épouvantent, s'enfuit.
— Je veux, si je guéris, n'en être obligé qu'à moi- même. Suffit.
— £h bien ! et le médecin alors ? hasarda Marguerite.
— Je paie ses soins, et je suis quitte. Mais Julius, sur son registre le plus grave :
— Tandis que de la reconnaissance envers Dieu vous lierait.
— Oui, mon frère ; et voilà pourquoi je ne prie pas.
— D'autres ont prié pour toi, mon ami.
C'est Véronique qui parle ; elle n'avait jusqu'à présent rien dit. Au son de cette douce voix trop connue, Anthime sursaute, perd toute retenue. Des propositions contradictoires se bousculent sur ses lèvres : D'abord on n'a pas le droit de prier pour quelqu'un contre son gré, de demander une faveur pour lui sans qu'il en sache ; c'est une trahison. Elle n'a rien obtenu ; tant mieux ! ça lui apprendra ce qu'elles valent, ses prières ! Il y a de quoi être fier !... Mais peut-être, après tout, qu'elle n'a pas prié suffisamment ?
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