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��302 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE
— Mais enfin, Monsieur, qui vous a prié de vous mêler de cette affaire ? De qui suivez-vous les instruc- tions ?
— Pardonnez-moi, Monsieur Tabbé, dit confusément Fleurissoire, je n'ai reçu d'instruction de personne ; je suis une pauvre âme pleine d'angoisse et qui cherche de son côté.
Ces humbles paroles semblèrent désarmer le curé ; il tendit la main à Fleurissoire :
— Je vous ai parlé durement... mais c'est que de tels dangers nous entourent. Puis, après une courte hésitation : Tenez ! Voulez-vous m'accompagner demain ? Nous irons voir ensemble mon ami... et levant les yeux au ciel : Oui, j'ose l'appeler : mon ami, reprit-il d'un ton pénétré. — Arrêtons-nous un instant sur ce banc. Je vais écrire un mot que nous signerons tous les deux, par lequel nous le préviendrons de notre visite. Mis à la poste avant 6 heures (18 heures, comme ils disent ici) il le recevra demain matin et se tiendra prêt à nous accueillir vers midi; même, sans doute, pourrons-nous déjeûner avec lui.
Ils s'assirent. Protos sortit un carnet de sa poche et sur une feuille vierge commença, sous les yeux hagards d'Amédée :
Ma vieille...
Puis, regardant la stupeur de l'autre, il sourit très calme :
— Alors c'est au cardinal que vous auriez écrit, si on vous avait laissé faire ?
Et sur un ton plus amical il voulut bien renseigner Amédée : Une fois par semaine le cardinal San-Felice quittait l'archevêché clandestinement, en costume de sim-
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