LES CAVES DU VATICAN 295
reluctance que cette femme s'y pliait ; mais, une âme qui se révolte contre l'ignominie de son sort, souvent ses premiers sursauts demeurent inaperçus d'elle-même ; ce n'est qu'à la faveur de l'amour que le regimbement secret se révèle. Carola s'éprenait-elle d'Amédée ? Il serait téméraire de le prétendre; mais, au contact de cette pureté, sa corruption s'était émue ; et le cri que j'ai rapporté, indubitablement, avait jailli du cœur.
Protos rentra. Il n'avait pas changé de costume. Il tenait à la main un paquet de hardes qu'il posa sur une chaise.
— Eh bien quoi ? dit-elle.
— J'ai réfléchi. Il faut d'abord que je passe à la poste et que j'examine son courrier. Je ne me changerai qu'à midi. Passe-moi ton miroir.
Il s'approcha de la fenêtre, et, penché sur son reflet, ajusta une paire de moustaches châtaines, à peine un peu plus claires que ses cheveux, coupées au ras de la lèvre.
— Appelle Baptistin.
Carola achevait de s'apprêter. Elle alla tirer, près de la porte, une ficelle.
— Je t'ai déjà dit que je ne voulais plus te voir avec ces boutons de manchettes. Ça te fait remarquer.
— Tu sais bien qui me les a donnés.
— Précisément.
— Tu serais jaloux, toi ?
— Grosse bête !
A ce moment Baptistin frappa à la porte et entra.
— Tiens ! tâche à te remonter d'un cran dans l'échelle, lui dit Protos, en montrant, sur la chaise, la veste, le col et la cravate qu'il avait rapportés d'outre-mur. — Tu
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