Page:NRF 11.djvu/277

Cette page n’a pas encore été corrigée

LES CAVES DU VATICAN 27 1

— Moi non plus.

— Mon ami, réfléchis encore, essayait Arnica.

— C'est tout réfléchi : Je pars secrètement, mais je pars.

— Quand ? Tu n'as rien de prêt.

— Dés ce soir. Que me faut-il tant ?

— Mais tu n'as jamais voyagé. Tu ne vas pas savoir.

— Tu verras cela, ma petite. Je vous raconterai mes aventures, disait-il avec un gentil petit ricanement qui lui secouait la pomme d'Adam.

— Tu vas t'enrhumer, c'est certain.

— Je mettrai ton foulard.

Il s'arrêtait dans sa marche, pour soulever du bout de l'index le menton d'Arnica, comme on fait aux poupons que l'on veut amener à sourire. Gaston gardait une atti- tude réservée. Amédée s'approcha de lui :

— Je compte sur toi pour consulter l'indicateur. Tu me diras quand j'ai un bon train pour Marseille ; avec des troisièmes. Si, si, je tiens à prendre des troisièmes. Enfin prépare-moi un horaire détaillé, avec les endroits où il faut que je change ; et les buffets ; jusqu'à la fron- tière ; après, je serai lancé, je me débrouillerai et Dieu me guidera jusqu'à Rome. Vous m'écrirez là-bas, poste restante.

L'importance de sa mission lui surchauffait périlleuse- ment la cervelle. Après que Gaston fut reparti il arpen- tait toujours la pièce ; il murmurait :

— Qu'à moi soit réservé cela ! plein d'une admiration et d'une reconnaissance attendrie : il avait donc enfin sa raison d'être. Ah ! par pitié. Madame, ne le retenez pas ! Il est si peu d'êtres sur terre qui savent trouver leur emploi.

�� �