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LES CAVES DU VATICAN 259

enviait sa sœur enfin d'avoir pu s'évader de ce nom déso- bligeant : Péterat. Le nom de Marguerite était charmant. Qu'il sonnait bien avec de Baraglioul ! Hélas ! avec quel autre nom marié, celui à^ Arnica ne resterait-il pas ridicule ?

Rebutée par le positif, son âme inéclose et froissée essayait de la poésie. Elle portait, à seize ans, des deux côtés de son blême visage, ces tombantes boucles que l'on nommait des " repentirs ", et ses yeux bleus rêveurs s'étonnaient près de ses cheveux noirs. Sa voix sans timbre n'était point rude ; elle lisait des vers et s'évertuait à en écrire. Elle tenait pour poétique tout ce qui l'échappait de la vie.

Aux soirées de Madame Semène, deux jeunes gens fréquentaient, qu'une tendre amitié avait comme associés dès l'enfance ; l'un, déjeté sans être grand, non tant maigre qu'efflanqué, aux cheveux plus déteints que blonds, au nez fier, au regard timide : c'était Amédée Fleuris- soire. L'autre gras et courtaud, aux durs cheveux noirs plantés bas, portait, par étrange habitude, la tête constam- ment inclinée sur l'épaule gauche, la bouche ouverte et la main droite en avant tendue : j'ai dépeint Gaston Blafaphas. Le père d'Amédée était marbrier, entrepreneur de monuments funèbres et marchand de couronnes mor- tuaires ; Gaston était le fils d'un important pharmacien.

(Pour étrange que cela puisse paraître, ce nom de Blafaphas est très répandu dans les villages des contreforts pyrénéens ; encore qu'écrit parfois de manières assez différentes. C'est ainsi que, dans le seul bourg de Sta... où l'appelait un examen, celui qui écrit ces lignes a pu voir un Blaphaphas notaire, un Blafafaz coiffeur, un Blaphaface charcutier, qui, interrogés, ne se reconnais-

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