Page:NRF 11.djvu/258

Cette page n’a pas encore été corrigée

252 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

que je n'ai pas sur moi cette somme énorme. Et même...

L'abbé s'impatientait légèrement ; elle n'osa donc pas ajouter qu'il lui faudrait sans doute quelque temps pour la réunir (car elle espérait bien n'avoir pas à débourser toute seule). Elle murmura :

— Comment faire ?...

Puis comme le sourcil du chanoine menaçait de plus en plus :

— J'ai bien là-haut quelques bijoux...

— Ah ! fi Madame ! les bijoux sont des souvenirs. Me voyez- vous faisant métier de brocanteur ? Et pensez- vous que je veuille donner l'éveil en en cherchant le meilleur prix ? Je risquerais de compromettre du même coup et vous-même, et notre entreprise.

Sa voix grave, insensiblement, se faisait âpre et violente. Celle de la comtesse tremblait légèrement.

— Attendez un instant. Monsieur le chanoine: je vais voir ce que j'ai dans mes tiroirs.

... Elle redescendit bientôt. Sa main crispée froissait des billets bleus.

— Heureusement, je viens de toucher des fermages. Je puis vous remettre déjà six mille cinq cents francs.

Le chanoine eut un haussement d'épaules.

— Qu'est-ce que vous voulez que je fasse avec ça ? Et avec un mépris attristé, d'un geste noble, il écartait

de lui la comtesse :

— Non Madame ; non ! je ne prendrai pas ces billets. Je ne les prendrai qu'avec les autres. Les gens intègres exigent l'intégralité. Quand pourrez-vous me remettre toute la somme ?

��i

�� �