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LES CAVES DU VATICAN I9

tenue de visite, non de voyage, sans le châle écossais qu'il porte sur Pavant-bras ; la longueur du trajet ne Ta nulle- ment éprouvé. Marguerite de Baraglioul suit, au bras de sa sœur ; elle, très défaite au contraire, capote et chignon de travers, trébuchant aux marches, un quartier de visage caché par son mouchoir qu'elle tient en compresse... Comme elle approche d'Anthimc :

— Marguerite a un charbon dans l'œil, glisse Véro- nique.

Julie, leur fille, gracieuse enfant de neuf ans, et Im bonne, qui ferment la marche, gardent un silence consterné.

Avec le caractère de Marguerite il ne s'agit pas de prendre la chose en riant : Anthime propose d'envoyer quérir un oculiste ; mais Marguerite connaît de réputation les médicastres italiens, et ne veut " pour rien au monde " en entendre parler ; elle souffle d'une voix mourante :

— De l'eau fraîche. Un peu d'eau fraîche, simple- ment. Ah !

— Ma chère sœur, eflfectivement, reprend Anthime, Peau fraîche pourra vous soulager un instant en décon- gestionnant votre œil ; mais elle n'enlèvera pas le mal.

Puis, se tournant vers Julius :

— Avez-vous pu voir ce que c'était ?

— Pas très bien. Dès que le train s'arrêtait et que je me proposais d'examiner, Marguerite commençait de s'énerver...

— Mais ne dis donc pas cela, Julius ! Tu as été horri- blement maladroit. Pour me soulever la paupière, tu as commencé par me retourner tous les cils. . .

— Voulez-vous que j'essaie à mon tour, dit Anthime : je serai peut-être plus habile.

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