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230 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

touché en moi aucun ressort... Puis Heldenbruck s'enten- dait merveilleusement à l'hygiène de l'enfance ; il per- suada ma mère de me laisser vivre tête et pieds nus, par quelque temps qu'il fît, au grand air le plus souvent possible ; il me plongeait lui-même dans l'eau froide, hiver comme été ; j'y prenais grand plaisir... Mais vous n'avez que faire de ces détails.

— Si, si !

— Puis ses affaires l'appelèrent en Amérique. Je ne l'ai plus revu.

" A Bucharest, les salons de ma mère s'ouvraient à la société la plus brillante, et, autant que j'en puis juger de souvenir, la plus mêlée ; mais dans l'intimité fréquen- taient surtout, alors, mon oncle le prince Wladimir Bielkowski et Ardengo Baldi que je ne sais pourquoi je n'appelai jamais mon oncle. Les intérêts de la Russie (j'allais dire de la Pologne) et de l'Italie les retinrent à Bucharest trois ou quatre ans. Chacun des deux m'apprit sa langue ; c'est-à-dire l'italien et le polonais, car pour le russe si je le lis et le comprends sans trop de peine, je ne l'ai jamais parlé couramment. A cause de la société que recevait ma mère, et oii j'étais choyé, il ne se passait point de jour que je n'eusse l'occasion d'exercer ainsi quatre ou cinq langues, qu'à l'âge de treize ans déjà j< parlais sans accent aucun, à peu près indifféremment mais le français pourtant de préférence, parce que c'était la langue de mon père et que ma mère avait tenu à c< que je l'apprisse d'abord.

" Bielkowski s'occupait beaucoup de moi, comme toi ceux qui voulaient plaire à ma mère ; c'est à moi qu'il semblait que l'on fît la cour ; mais ce qu'il en faisait, lui,

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