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rencontre de Julius et de Marguerite, qui doivent entrer en gare de Rome à six heures. Anthime va se raser ; il a bien voulu remplacer son foulard par un nœud droit : voici qui doit suffire ; il répugne il la cérémonie et prétend ne pas désavouer devant sa belle-sœur une veste d'alpaga, un gilet blanc chiné de bleu, un pantalon de coutil et de confortables pantoufles de cuir noir sans talon, qu’il garde même pour sortir, et qu’excuse sa claudication.

Il ramasse les feuilles déchirées, remet bout à bout les fragments, et recopie soigneusement tous les chiffres, en attendant les Baraglioul.


III

La famille de Baraglioul (le gl se prononce en l mouillé, à l’italienne, comme dans Broglie (duc de) et dans miglionnaire) est originaire de Parme. C’est un Baraglioli (Alessandro) qu’épousait en secondes noces Filippa Visconti, en 1514, peu de mois après l’annexion du duché aux États de l'Eglise. Un autre Baraglioli (Alessandro également) se distingua à la bataille de Lépante et mourut assassiné en 1580, dans des circonstances qui demeurent mystérieuses. Il serait aisé, mais sans grand intérêt, de suivre les destinées de la famille jusqu’en 1807, époque où Parme fut réuni à la France et où Robert de Baraglioul, grand-père de Julius vint s’installer à Pau. Juste-Agénor de Baraglioul, troisième fils du précédent (les deux premiers moururent en bas âge) reçut de Charles X en 1857 la couronne de comte en reconnaissance d’importants services rendus dans la diplomatie. Nous aurons à reparler bientôt de cette remarquable figure.