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NOTES 165

LES EXPOSITIONS

��AU SALON D'AUTOMNE.

La peinture. — Elle souffre d'une crise d^intelkctualite,. Trop de théories, d'analyse, de volonté. Pas assez de contact direct avec les choses : On a perdu le contact. On est gonflé de littérature, de philosophie mal digérées. L'artiste ne se cherche plus, il cherche quelque chose. Il se bat les flancs pour trouver autre chose. Il retourne contre la nature, les constructions, les signes, les pauvres complexités, les pauvres idées péniblement tirées d'elle, avec orgueil, par la malice et la manie des. penseurs.. Il fait de la nature une femme laide qui déchiffre une sonate.. Il substitue le sujet à l'objet. Et, dès qu'il a fait sa petite découverte, il déforme, il abrutit tout pour le faire entrer dans, le système qu'il y bâtit, comme la Chinoise abîme ses pieds dans ses brodequins. — Tirage à quatre chevaux, coulage du plomb fondu dans la bouche par un coquemar, pour faire rendre gorge à la nature et lui faire avouer ** ses idées. " Vous mettez la nature à la question, à la question du jour : Le supplice idéographique. Vous avez l'air de penser qu'elle se contente d'effets faciles, et qu'il faut lui flanquer toutes sortes, de maladies pour l'empêcher d'être belle à trop bon compte. Vous faites de toute chose vivante un cadavre bien raide, et vous êtes obligés de lui briser bras et jambes pour le faire entrer dans votre boîte. Ça peut donner, d'ailleurs, des avortements,, des plasmatures et des faisandages assez savoureux...

Mais aucun de vous n'est peintre avant toute chose. Vous- braquez, pour comprendre le monde, le sens critique là où il n'a que faire. Ah ! l'on se prend à souhaiter le retour d'un grand impressionniste, un peu brute, un peu braconnier, mais qui connaisse bien l'affût, dont les sens soient en excellent état^

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