1048 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE
lée, qu'il a consacrée à la psychologie de Tolstoï et où il con- clut au conflit d'une conscience chrétienne d'une part, et d'une physiologie et d'une subconscience païennes d'autre part. Il n'était pas défendu non plus de discuter — oh ! je ne dis pas d'admettre — les hypothèses imbues de matérialisme médical de M. Ossip Lourié, ^ encore que de telles hypothèses, depuis la publication de l'ouvrage de William James, The Varieties oj religions expérience, et à une époque travaillée d'orientations pascaliennes, ne soient plus de mise que dans la pharmacie d'Yonville-l'Abbaye, et, sans doute, chez les accroupis de Ven- dôme. Mais surtout il n'aurait pas fallu oublier les pages admi- rables du Roman Russe dans lesquelles M. de Vogue explique pourquoi Gogol — qu'il tient pour un janséniste — fut si facilement convaincu par ses contemporains de mysticisme et même de folie. Il aurait fallu songer également aux belles pages où M. Pypine ^ cherche le motif de la " conversion " de Gogol dans l'opposition constante qui existait entre les rêves et les moyens du génial écrivain, dans l'impossibilité où il se trou- vait de mettre son œuvre d'accord avec les aspirations de son cœur, de faire servir son talent de réaliste et d'humoriste à la réalisation de cette mission de moraliste et de prophète inspiré qu'il se croyait appelé à remplir.
Après ce chapitre sur le mysticisme de Gogol, M. Léger passe à l'étude des œuvres. Mais il se contentera le plus souvent d'analyser les plus importantes et d'en traduire, d'ailleurs très exactement, quelques extraits. En ce qui concerne Taras s Bouîba
— qui ne m'enchante pas plus qu'il ne fait Melchior de Vogue
— j'eusse aimé que M. Léger me montrât par le menu dans quelles limites s'est exercée sur Gogol l'influence de Walter Scott et de ces deux livres de Pouchkine : La Fille du Capitaine et Le Nègre de Pierre le Grand, Et il ne sufiit pas qu'on me dise
1 Psychologie des grands romanciers russes, ' Le Messager d'Europe.
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