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1030 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

d'abord, ne veuille pas Têtre ; puis, qu'il s'efForce de bouffonner parfaitement pour nous plaire. C'est le fond de l'amitié, en beaucoup d'amis. Ainsi Bouvard et Pécuchet, le Pylade et l'Oreste des siècles plats, avec la Science pour maîtresse, autre- ment dit pour Erinnye.

XIII

EUROPÉEN

C'est le destin du génie français de ne pas être assez français, s'il n'est aussi européen.

Goethe et Stendhal sont les premiers européens depuis la fin du moyen-âge. Car au temps de la chrétienté, les grands chrétiens furent hommes de l'Europe, si Europe il y avait : saint Bernard, je suppose. Chaque pays pourra continuer d'avoir ses bons serviteurs, qu'il appelle ses grands hommes ; mais il n'y aura plus, en art ni en poésie, de grand homme qui ne soit européen. Il faut désormais porter l'esprit de l'Europe dans l'œuvre même où triomphe le génie d'un peuple ou d'une race.

Etre européen, ce n'est pas lire et parler cinq langues, pût on écrire avec talent dans toutes. Ni passer la vie à errer de pays en pays, être connu à Londres, avoir des amis à Berlin, la gloire à Genève et un lit à Rome. Ni paraître enfin sujet de toutes les nations, plus que citoyen de sa

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