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CHRONIQUE DE CAERDAL IO29

des démarches actives pour me tirer d'un grand danger ; mais, lorsque je sortais avec un habit neuf, ils auraient donné vingt francs, pour qu'on me jetât un verre d'eau sale... Je n'ai guère eu, en toute ma vie, que des amis de cette espèce. ^ "

Le Condottiere disait un jour, faisant allusion au goût patient et à l'indulgence d'un sien ami pour un Achate outré et ridicule :

Nous aimons à avoir des bouffons, nous autres rois.

Des Triboulets qui nous chérissent ne sont plus difformes à nos yeux : ne les chérissons nous pas ? Et plus sincèrement peut être qu'ils ne nous le rendent. Témoin Stendhal avec Colomb, son Romain de Grenoble. Là est le lien entre eux et nous.

Chérir un homme, c'est lui trouver parfois une secrète ressemblance avec nous mêmes. Du moins, nous le croyons ; et nous voulons le croire, si notre sentiment s'en mêle. Un magnifique bouffon doit, il me semble, nous présenter la caricature d'une face au moins de notre propre caractère ; et moins visible elle est en nous, plus la bouffonnerie a de saveur dans notre ilote familier. D'ailleurs, le plus beau bouffon est le moins volontaire. Il y faut premièrement le don de nature ; puis le talent, qui l'étend et le justifie. Que le bouffon,

1 Henri Brûlardy chap. 11.

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