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CHRONIQUE DE CAERDAL IO23

Stendhal d'être sans cœur. Stendhal enveloppe la passion de nudité, si je puis dire : elle est si éclatante, qu'on ne la distingue plus de sa propre lumière : elle est comme une ligne de rochers attiques sur la mer, dans le soleil blanc de midi. Il y a plus de cœur, en telle page de Stendhal, que dans tous les romans français pris ensemble : mais ce cœur est tout action. Ce cœur se livre à Tesprit : il se fait moins sentir que comprendre. Qui l'a compris d'ailleurs, est pénétré pour jamais du sentiment que cette lumière enveloppe. Julien Sorel est le Don Juan des cœurs vaillants et des âmes puissantes, et non pas seulement le prince des grands seigneurs méchants hommes et des grandeurs oisives. Il est avec Fabrice l'éternel modèle du jeune homme qui doit vaincre ; mais si bien né qu'il doit refuser la victoire, et y préférer un jour, ne fût-ce qu'un seul jour, la sublime issue de la passion. .

Comme telle, la passion c'est toujours la mort. Ou, pour mieux dire, un état si pur et si parfait de l'âme, que la mort, la vie, rien ne s'y distingue plus.

��4. Généreux Stendhal ! Quand il se. dit Espa- gnol, on ne peut s'empêcher de l'aimer ; et ce gros garçon, eût-il trois fois plus de ventre et les

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