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loi 8 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

et le désert. Le maquis fume au soleil. Rien ne passe sur la Voie Aurélienne, sinon, de loin en loin, quelque lent chariot, ou des paysans qui sentent le mouton, la sueur et la poussière. Parfois, un troupeau de vieux agneaux et de brebis aux boucles jaunes. Çà et là, un fiévreux coin d'eau, où les moustiques pétillent. Et sur l'horizon sul- fureux, la Tolfa, une colline hargneuse et plombée, phare de la malaria.

A la maison, Stendhal, l'homme d'action, s'épaissit sur sa chaise. C'est là que son sang violent devient plus lourd de saison en saison, et que sa mort prend mesure de l'homme. Le tailleur l'at- tend, à quelques mois de là, rue de Richelieu. Lui, cependant, il ne vit plus que pour recevoir les journaux et les livres de France. Vers la fin, il a goûté la seule joie d'amour propre qui l'ait sans doute contenté : l'hommage de Balzac, unique dans sa vie et, peut-être, dans l'histoire des lettres : l'homme qui triomphe, rendant les armes au génie méconnu. Alors, comme il a ri puissamment, pensant au dépit de ses amis !

Après tout, c'est à Civita Vecchia que Stendhal a connu le prix de la France. L'amour à Milan, et tout le reste à Paris.

Quand le temps de l'amour est passé, l'esprit est une plus belle carrière que l'ambition. On y règne plus absolument et sans conteste. Bel empire que l'on soumet sans avoir besoin de soldats, on

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