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D’UNE PARISIENNE

dégage un relent malfaisant, qui achève d’empoisonner les âmes malades.

Un dernier spectacle restait à voir encore, plus écœurant peut-être que l’exécution.

C’était le démontage de la guillotine et le nettoyage des bois de justice tout ruisselants de jaillissures de sang chaud.

Une fontaine est proche. La boîte de fer où la tête de Carara grimaça son rictus est lavée par le soin des aides ; elle rougit le ruisseau, dont l’eau trouble un peu grasse — et de quelle graisse, grand Dieu ! — s’en va à l’égout.

Au loin, maintenue par des barrières, une foule spéciale, qui est demeurée là toute la nuit, grouillante dans le crépuscule, attend que l’échafaud enlevé on lui permette de se ruer sur la place où une tête vient de tomber.

— Jetez de l’eau, balayez, balayez encore, ordonne le commissaire chargé de maintenir l’ordre aux abords de la Roquette. Qu’il ne demeure nulles taches, j’ai vu de ces brutes-là tremper des mouchoirs dans le sang des assassins et les presser sur leur bouche.

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