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NOTES ET IMPRESSIONS

nœuvre qu’il exécute pour aborder le Standart, manœuvre rendue difficile par la houle croissante. M. Loubet descend dans son canot. On devine vaguement la silhouette du président.

Un moment le canot est couvert par un paquet d’eau, mais bientôt M. Loubet reparaît. Cette fois, très distinctement, nous suivons les mouvements du président, qui grimpe au flanc du Standart pour se placer aux côtés du tzar, à la poitrine duquel saigne le grand cordon de la Légion d’honneur.

C’est la revue qui commence. Un cuirassé russe tire onze coups de canon, et les torpilleurs aux formes de cigares allongés évoluent avec rapidité. Leurs canons à culasse de cuivre étincellent sous le soleil, qui, voulant être de la fête, a percé les gros nuages noirs pour éclairer les flots, qui demeurent quand même couleur d’encre.

Le spectacle est imposant. Nous passons entre les cuirassés géants, qui, arc-boutés sur leurs ancres, demeurent immobiles, défiant la houle.