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D’UNE PARISIENNE

cendu dans la fosse ; le frère de la victime, M. Zelenine, accompagné d’une de ses coreligionnaires, regagne la voiture qui l’a amené. Il est très pâle, ses yeux rougis brillent d’un éclat fiévreux.

Il est bientôt désigné aux curieux, qui s’approchent, veulent le voir et lui témoigner par de respectueux saluts la pitié de la population parisienne pour la pauvre petite morte qui va dormir son dernier sommeil, loin des siens et du sol natal, dans ce grand cimetière où elle reposera au milieu d’inconnus, comme un pauvre oiseau exilé.

Lentement la foule s’écoule. Il ne reste plus dans la ville des morts que quelques tristes visiteurs en vêtements de deuil entrés avec de nouveaux convois, et les jardiniers funèbres qui se hâtent d’achever leur besogne avant la tombée de la nuit.

Aux alentours du cimetière on est tout de suite repris par la vie bourdonnante de ce quartier populaire. Une fête foraine bat son plein, les orgues de Barbarie mêlent leurs airs langou-